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Créer ton groupe de recherche de la jeunesse!

Une proposition pour chaque jeunes


En mémoire de Violeta Parra, nous lançons un appel aux jeunes du monde entier pour qu'ils créent leurs propres groupes de recherche. En 1952, Violeta Parra a commencé à collecter plus de 3 000 chansons paysannes traditionnelles au Chili. Plus tard, ses enfants ouvriront un centre culturel dédié à la culture populaire. C'est le début du mouvement de la Nueva canción, qui se répand dans tout l'Abya Yala jusqu'en Europe. Ce renouveau culturel s'est développé directement dans le cadre des luttes sociales de l'époque et a contribué à l'émergence du mouvement de 1968.


Histoire sociale, savoirs indigènes, résistance des jeunes, culture locale... Nous avons une histoire à récupérer, une vie libre à construire ! Pour cela, nous appelons les jeunes du monde entier à créer leurs propres groupes de recherche.


Lisez cet appel, partagez-le avec vos amis, organisez une discussion à ce sujet et créez votre groupe !


- GROUPE DE RECHERCHE DE LA JEUNESSE -


Aujourd’hui, les jeunes du monde entier sont confrontés à un ensemble unique de crises : dévastation climatique et écologique, guerres sans fin, isolement extrême, attaques patriarcales et exploitation économique. Le système dominant comprend la réalité des jeunes et leur potentiel en tant qu’avant-garde du changement social. Il sait que les jeunes vivent d’intenses contradictions au sein de ce système.

Comment est-il possible, en tant que jeunes, d’accepter un système qui détruit les conditions de la vie sur terre, qui anéantit la société et attaque tout ce qui donne du sens et de la valeur à la vie ?

Afin de se protéger des solutions révolutionnaires que ces questions exigent, le système développe une forme de politique qui coupe les jeunes de leur identité. Aujourd’hui, il est difficile pour les jeunes de se définir en dehors des catégorisations du système. Sans identité, les jeunes sont également déconnectés de l’histoire et de la société.

Dès notre plus jeune âge, on nous dit que la réalité du capitalisme est la seule réalité possible, et que l’aliénation qui en résulte est la seule façon possible de vivre. Sans compréhension de notre histoire et sans volonté de construire notre avenir, nous intériorisons et acceptons cette vie vide comme étant naturelle.


À chaque génération, ce sont les jeunes qui sont à l’avant-garde de la transformation sociale. Pourtant, en raison de notre situation actuelle, les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas en mesure de remplir ce rôle à leur plein potentiel. Nous pouvons facilement être attaqués par le système et manipulés pour le défendre.


En tant que réseau Lêgerîn, nous voulons changer cette situation et encourager les jeunes du monde entier à reprendre l’initiative et à se ré-approprier leur esprit révolutionnaire. Pour cela, nous proposons l’idée de « groupes de recherche de la jeunesse ».


Pour présenter notre idée, nous nous référons à un extrait du 8ème numéro de notre magazine :

«Pour connaître notre histoire et notre réalité, nous devrions créer des comités qui font des recherches sur la façon dont le libéralisme s’est répandu dans notre société. Quelles sont les racines culturelles et les traditions de notre société ? Quels étaient les valeurs et les principes et comment était organisée la vie quotidienne avant la diffusion du libéralisme, comment le libéralisme s’est-il répandu ? Quelle est l’histoire des femmes et de la résistance contre le système étatique et le libéralisme ? Ce sont toutes des questions auxquelles nous devrions chercher des réponses pour connaître l’histoire démocratique de notre société. Reconstruire cette connaissance de notre culture nous renforcera contre les attaques du libéralisme.


La défense de notre culture et de nos traditions contre le libéralisme qui tente d’en faire un produit aux mains du capitalisme est également une tâche importante. Nous devrions développer des œuvres culturelles ou y participer afin de garder la culture entre les mains de la société. Nous ne devons pas laisser le thème de la culture aux mains de l’extrême droite ! Elle est précieuse et constitue la mémoire collective de nos sociétés. En parlant aux personnes âgées, en connaissant nos racines familiales, en faisant des recherches sur notre histoire, nous pourrons comprendre le présent et penser à l’avenir. »


Abdullah Öcalan, le leader emprisonné et guide idéologique du Mouvement pour la libération du Kurdistan, affirme également que :


« Avec une fausse conception de l’histoire, on ne peut pas vivre correctement. Mieux nous comprenons l’évolution de la société, mieux nous pouvons construire une vie correcte. »

Nous fondons cette idée sur le sens du mot « Lêgerîn » : « chercher ». La recherche de la liberté est la base de la vie et c’est quelque chose que tout être vivant s’efforce d’atteindre. Nous devons nous engager dans la recherche de la vérité, la recherche de réponses à la crise actuelle et la recherche de notre identité et de nos racines.


En tant que jeunes, nous sommes, avec les femmes, le groupe social le mieux placé pour faire la révolution et construire une société libre. Pour pouvoir remplir ce rôle, nous devons récupérer notre identité, notre conscience historique, notre culture, nos connaissances et, par conséquent, notre lien direct avec les valeurs morales de la société en dehors du libéralisme, du capitalisme et de l’État.


Pour donner une structure à cette nécessité, nous proposons la création de groupes de recherche organisés et développés de manière autonome par les jeunes. Ces groupes se concentreraient sur la recherche de l’histoire de la jeunesse et de la société dans leur contexte local spécifique, qu’il s’agisse de leur ville, de leur région ou de leur nation.


Les sujets de recherche de ces comités pourraient être les suivants :


-Histoire de la résistance des jeunes : quel rôle les jeunes ont-ils joué dans l’histoire des révolutions, des mouvements sociaux et des soulèvements ?

-Quel était le mode de vie, le savoir traditionnel, la culture, l’organisation sociale dans nos territoires locaux avant le capitalisme ? Et quel rôle jouaient les jeunes dans cette société ?

-Aujourd’hui, qu’est-ce qui est encore vivant en termes de culture locale et de traditions démocratiques sur notre territoire ?

-Quelle est la situation actuelle de la jeunesse dans le système capitaliste ? Et quel rôle les jeunes jouent-ils aujourd’hui dans notre société locale ?

-Comment le système actuel s’attaque-t-il à la jeunesse ? Et comment le système a-t-il développé et adapté ses méthodes pour attaquer les jeunes au fil du temps ?


Nous concevons la recherche comme quelque chose de beaucoup plus large que la conception classique qui limite la recherche au seul monde universitaire. C’est pourquoi nous n’encourageons aucune méthodologie fixe et unique. Libérée des restrictions du positivisme, la recherche peut prendre de nombreuses formes différentes et doit d’abord être développée dans notre vie quotidienne. La recherche commence par se poser des questions à soi-même et par développer le désir de trouver des réponses.


Nous pouvons donner quelques exemples de pratiques de recherche qui pourraient être développées au sein de ces groupes :


-Rencontrer des personnes âgées et discuter avec elles

-Aller collectivement dans les musées locaux et les archives locales

-Rencontrer des groupes de recherche historique ou culturelle locaux déjà existants.

-Organiser des débats publics sur l’histoire et la culture locales.

-Rencontrer les organisations de jeunesse qui existent aujourd’hui et parler avec elles de leurs activités, de leur compréhension de l’identité des jeunes, de leurs objectifs, des problèmes auxquels elles sont confrontées, etc.

-Organiser des ateliers dans les écoles, les lycées, les collèges et les universités.

-Se promener dans des lieux historiques et s’efforcer de découvrir des histoires inconnues dans des lieux familiers.


Pour les jeunes de la diaspora, ces groupes de recherche pourraient également être considérés comme un moyen d’autodéfense contre la dynamique coloniale d’assimilation culturelle développée par l’État-nation. Nous pouvons nous en servir comme d’un moyen de renouer avec les luttes de la jeunesse, tant dans le pays d’origine que dans la diaspora.


Ces groupes pourraient être publics, afin d’être accessibles aux jeunes intéressés par la recherche. Après un temps de recherche initial, il sera possible de commencer à produire du matériel tel que des textes, des interviews, des vidéos, des documentaires, de la musique, des bandes dessinées ou des podcasts. Les possibilités sont infinies. À partir de la base de la recherche, d’autres collectifs peuvent se développer, comme un groupe de musique pour faire revivre la musique traditionnelle, des compagnies de théâtre populaire, des assemblées locales de jeunes, des coopératives paysannes... etc.


Sur la base des perspectives données par Abdullah Öcalan dans Sociologie de la liberté, nous pourrions imaginer que ces groupes de recherche font partie des tâches morales, intellectuelles et culturelles nécessaires à la reconstruction de la modernité démocratique.


Notre idée est de publier un texte de l’un de ces groupes dans chaque nouveau numéro de la revue Lêgerîn et d’utiliser notre site web et nos médias digitaux pour diffuser les résultats de la recherche. Les groupes seront libres de développer de manière autonome leurs propres travaux et perspectives, mais nous pouvons imaginer une structure confédérale qui relie les différents groupes et ouvre la possibilité d’un échange, d’un dialogue et d’une recherche commune.


Nous terminerons par quelques mots d’Abdullah Öcalan, tirés du deuxième volume du Manifeste pour une civilisation démocratique :


« L’héritage de la grande société révolutionnaire du Néolithique, une société adhérant à l’ordre communale et réceptive au caractère sacré de la vie, n’a pas encore été épuisé, bien que toutes les civilisations en aient consommé une grande partie, tant sur le plan matériel que sur le plan moral. Cela me touche au cœur et m’attriste.


 Nous devons embrasser l’histoire admirable de ceux qui ont héroïquement résisté et attaqué, et la considérer comme notre propre histoire, l’histoire de la civilisation démocratique. Bien entendu, nous devons scruter cette histoire oubliée et usurpée, l’écrire et la protéger. Nous ne devons surtout pas nous laisser éblouir par les couronnes chatoyantes de la civilisation, ni revendiquer l’histoire des titulaires des couronnes ternes et de leurs sujets, l’histoire de ceux qui ont trahi les tribus, les peuples et les ethnicités, ainsi que leur labeur, leur résistance, leurs révoltes, leur héroïsme et leur sagesse. Sans cette différenciation, l’histoire de la civilisation démocratique ne peut être écrite. Et si cette histoire n’est pas écrite, nous ne pourrons pas mener à bien la lutte pour la démocratie, la liberté et l’égalité.


L’histoire représente les racines. Un être vivant ne peut exister sans s’appuyer sur ses racines. De même, l’espère humaine ne peut choisir la vie libre et honorable sans se fonder sur son histoire sociale. L’histoire civilisationnelle dominante prétend être la seule histoire. Nous devons nous affranchir de cette approche réductionniste et dogmatique, afin de bâtir une histoire démocratique et socialement consciente.


Il ne faut pas croire que l’histoire de la civilisation démocratique n’existe pas, qu’elle est dépourvue d’événements, d’alliances et d’institutions, ou qu’elle est insuffisante. Au contraire, cette histoire regorge des matériaux les plus riches. Elle a une richesse égale à celle de l’histoire de la civilisation, avec sa propre mythologie, sa religion, sa philosophie, sa science, ses arts, ses sages, poètes et écrivains. L’essentiel, c’est de savoir regarder, trier, sélectionner, écrire selon notre propre paradigme.


Je ne rejette pas l’utilisation des armes, des institutions et des mentalités des ennemis et des rivaux. Mais nous devons parallèlement développer notre propre mentalité, nos institutions et nos armes, et en faire le socle de notre action. Sinon, nous serons inévitablement victimes de leur mentalité, de leurs institutions et de leurs armes, et nous serons finalement comme eux.”


Abdullah Öcalan « Manifeste pour une civilisation démocratique - Le capitalisme : l’ère des dieux sans masque et des rois nus ».


Nous sommes plus qu’intéressés par vos réactions et vos échanges de vues sur ces propositions.


Respect et salutations révolutionnaires,

Comité éditorial de Lêgerîn


Si vous êtes intéressé/e par la création d’un tel groupe, n’hésitez pas à nous contacter.

 
 

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